De Castrum Radulphi à Châteauroux
La charte de fondation de l’abbaye de Déols (917) mentionne l’existence d’un château : le seigneur de Déols, Ebbes, donne à l’abbé de Cluny « la chapelle Saint-Martin dans le château de Déols avec le cloître et toutes ses dépendances ». Placée sur un éperon rocheux à quelques kilomètres du site gallo-romain du « Bourg-Dieu » (Déols), la forteresse domine la rive gauche de l’Indre, sans doute depuis la seconde moitié du IXe siècle. Un donjon en bois, reconstruit en pierre après un incendie entre 1088 et 1112, protège un bourg clos d’une enceinte. Dans les dépendances, les seigneurs battent monnaie : des deniers d’argent imités de Bourges.
Sept seigneurs de Déols portent le nom de Raoul, nom donné selon la coutume au château et à l’agglomération voisine. Castrum Radulphi mentionné dans les textes pour la première fois en 1112 forme l’une des plus grandes places fortes d’Aquitaine. Attestés à la fin du IXe siècle ou au début du Xe, les seigneurs de Déols, qui dominent une grande partie du département de l’Indre actuel, se succèdent jusqu’à la dernière héritière, Denise. Celle-ci épouse André de Chauvigny, un vassal du duc d’Aquitaine et roi d’Angleterre Richard Cœur de Lion, à la toute fin du XIIe siècle. En 1200 le nouveau seigneur de Châteauroux se rallie au roi de France et donne naissance à une nouvelle lignée. La ville s’agrandit autour de nouvelles églises, Saint-Gildas et Saint-Christophe (milieu Xe siècle), puis Saint-André (1ère moitié du XIIe siècle), et d’un quartier d’artisans, la rue de l’Indre.
Château Raoul sous l’Ancien Régime
À la mort du dernier des Chauvigny en 1503, la terre de Châteauroux est divisée en deux seigneuries aux mains de deux familles alliées : Château Raoul revient alors aux Maillé de La Tour-Landry, et les d’Aumont font construire le château du Parc. Henri II de Bourbon-Condé, cousin du roi, rachète l’ensemble en 1612 ; il fait ériger la terre de Châteauroux en duché-pairie quatre ans plus tard. Son revenu est augmenté par la sécularisation à son profit des abbayes de Déols, Saint-Gildas et Grammont en 1622. Il séjourne au château du Parc, plus moderne, tandis qu’à Château Raoul, il fait aménager une salle d’archives au premier étage du donjon, avec des inventaires facilitant leur gestion. Son fils Louis II, « le Grand Condé », lui succède.
Château Raoul, de la Révolution au Second Empire
En 1790, Châteauroux devient le chef-lieu du nouveau département de l’Indre. Le Château Raoul, vendu comme bien national, est acheté par le conseil général du département pour dix mille livres le 8 août 1792. Au cours nominal de l’argent, cette somme correspond à 12 800 euros, et peut-être un peu moins avec la dépréciation commençante des assignats : une bonne affaire ! Le conseil général du département y tient sa première séance le 3 novembre 1790, et ce jusqu’en 1826.
Le Château Raoul ouvre ses portes au public, chaque année, à l'occasion des Journées Européennes du Patrimoine en septembre et lors de visites ponctuelles organisées en partenariat avec l'Office de Tourisme de Châteauroux.
Le Conseil départemental de l’Indre a engagé en 2009 un important programme de rénovation : restauration des façades et des toitures, ravalement des enduits de façades remplacés par des enduits traditionnels, remplacement des pierres de taille, toiture, balcons, encorbellements, cheminées et menuiseries. Une restauration quasi complète qui aura nécessité deux années de travaux.