Rawa-Ruska, camp disciplinaire des prisonniers de guerre: 1942-1945.

Le Stalag 325 : quelle histoire ? Quelles mémoires ? (1942-2016)

« Ceux de Rawa-Ruska » sont les caméléons de la mémoire de la Seconde Guerre mondiale en France ; tantôt considérés comme d’anciens prisonniers de guerre, tantôt d’anciens résistants, tantôt d’anciens déportés, parfois les trois à la fois. De 1945 à 2010, les anciens prisonniers de guerre français, internés par les Allemands au Stalag 325, dit de discipline, situé dans le Gouvernement Général de Pologne, ont porté l’estocade à tous ceux qui affirmaient que la résistance avait été le privilège des résistants intérieurs et de la France libre.

Selon eux, si de Gaulle avait montré la voie le 18 juin 1940, ce sont « Ceux de Rawa-Ruska » qui en avaient assurément tracé le chemin avec les fils des barbelés dès 1942, bien avant que le Conseil national de la Résistance ne se constitue un an plus tôt.

Les anciens du 325 ont aussi combattu avec fermeté après la guerre toute hiérarchie, toute distinction dans les souffrances provoquées par la barbarie nazie, eux qui ont été confrontés, à des degrés divers, aux persécutions raciales et aux violences de masse en Galicie ukrainienne. Selon un certain nombre d’entre eux, toute souffrance, quelle qu’elle fût, devait être justement réparée. Dès lors comment s’est construite la mémoire du Stalag 325 à partir de 1945, en France, mais aussi en Belgique et en Ukraine, à l’aune des contextes nationaux et de ces enjeux de mémoire encore présents près de 80 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale ?